mercredi 24 juillet 2013

Tempête sous un crâne face à un formulaire en ligne



A. est sur un site de CV en ligne bien connu. Tout est complet.
Reste un dernier menu déroulant, son état civil : Madame, Monsieur, Mademoiselle.

Et merde. Que faire ? Moi qui croyais que ce vieux dilemme avait disparu...[1]
Bon. Mettons « Madame », et bafouons le patriarcat. Après tout, ce n’est pas mentir, c’est un acte de révolte légitime.

En même temps...Personne ne saura que c’est un acte de révolte. Par contre, on croira que je suis mariée. A 21 ans. Ca fait bof, ça fait vraiment la fille enceinte à 16 ans, et pauvre [2].

Bon, mettons « mademoiselle ». Mais ça m’agace quand même « mademoiselle », ça me rappelle, quand on m’interpelle comme un bout de viande sur le chemin du Monop « hey, mademoizelle z’êtes jolie dis donc » [3]. Raison pour laquelle je préfère à présent le vélo. En plus c’est bon pour la ligne [4]
Non, je ne renoncerai pas : je mets « Madame ».
D’un autre côté...c’est un CV en ligne. Si les recruteurs potentiels voient « Madame », ils vont croire que je veux un enfant ou que j’en ai un. Dans tous les cas, je suis un congé maternité ambulant, et un danger pour leur entreprise.
Mais s’ils me contactent, je pourrais les rassurer en leur expliquant ma démarche.

En même temps, si je leur parle d’acte de révolte féministe légitime à l’entretien, je vais passer pour une folle et/ou une aigrie, voire une communiste. Mieux vaut rentrer dans le rang.
D’UN AUTRE COTE, si je veux un jour être recrutée chez Causette, je passerais pour une fille un peu molle, pas très fière de ses convictions profondes, lâche et hypocrite en somme.




Tant pis. Ce sera « Monsieur ». 



[1] A. a en partie raison : depuis la loi de février 2012, appliquée en décembre de la même année, le terme est supprimé des documents officiels...mais pas des autres, bien plus nombreux. Pour info, le « mademoiselle » n’existe que dans la langue française, qui est structurellement plus « sexiste » que les autres, sachant que notre langue influence largement notre regard sur le monde.[2] A. conserve de nombreux préjugés, comme nous tous. Et comme nous vous livrons ici sa pensée non censurée, quelques dérapages peuvent apparaître.[3] A. a préféré effacer de sa mémoire les apostrophes moins galantes.[4] A. est décidément pleine de contradictions

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